Il a voulu voir les mers du Sud, alors il va voir les mers du sud. De près. Là où elles se déchainent. Depuis plus de 48h, le skipper Fives Group – Lantana Environnement navigue au cœur des dépressions australes. « Ça va impeccable. Samedi, il y a eu une belle journée entre deux fronts. J’ai pas mal manœuvré, c’était nickel. Vendredi, on avait eu 45 – 50 nœuds moyen pendant une quinzaine d’heures, avec des rafales. J’étais 3 ris tourmentin et je n’étais pas sous-toilé. C’était long parce que j’étais obligé de m’enfermer dans le bateau… C’était de grosses conditions, mais sans doute pas le plus fort auquel il faut s’attendre dans les jours à venir. Je suis en pleine forme, tout va bien à bord. Je suis bien, là… », souriait Louis, joint hier par téléphone.
Depuis cette nuit, le skipper Fives Group – Lantana Environnement évolue à nouveau dans des conditions très musclées, il s’y était préparé comme il nous l’expliquait hier après-midi : « Une nouvelle dépression arrive. On est déjà dans le front chaud : ça va vite, le bateau accélère bien. Le gros ce sera pour très tôt lundi matin. C’est prévu assez fort mais pas longtemps : la mer n’aura peut-être pas le temps de se lever. Il y aura 35 nds fichier donc mêmes conditions que l’autre jour (soit 45 – 50 nœuds moyen avec des rafales, ndlr). J’empannerai au passage du front et on sera dans le dur. Mais ça devrait passer assez vite, dans la journée. »
Je m’adapterai
Nous avions parlé de « train de dépression » : Louis a bel et bien embarqué dedans car un autre gros, très gros tourbillon de vent et de houle énorme est attendu sur la route du skipper Normand, cette semaine : « La dépression suivante est plus violente et d’une envergure plus importante donc ça va lever de la mer. En fait, maintenant, je regarde bien sûr les vents, mais surtout l’état de la mer : c’est ça qui est dangereux. Je me mets des limites de hauteur de vagues : c’est là que ça va se jouer.
Il faut voir comment ce système va évoluer. Il y a encore un peu d’incertitude sur la façon de le négocier. Soit, je plonge dedans pour éviter le gros du front comme l’ont fait Charlie Dalin et Sébastien Simon. Soit, je me garde la possibilité de remonter nord si besoin. Il faudra trouver le compromis entre la route la plus courte et la plus sûre. Je m’adapterai », expliquait le Normand le plus calmement du monde.
Pas d’embrouille
« J’ai préparé le bateau, il n’y a rien qui traine dehors. Tout est rangé. Il y a les bonnes voiles à poste, tout est prêt. Pas de souci à bord côté énergie (hydrogénérateur, panneaux solaires, moteur), tout marche bien. Sur le pont tout est ok. Le gréement, pas d’embrouille. Tout roule bien.
Je suis en forme. J’ai bien dormi samedi. J’ai ressorti le duvet à plume, les chaussettes en laine, j’ai même testé le chauffage hier. Je suis bien, là ! »
Surfs au-dessus des îles Crozet
A 7h ce lundi matin, l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement pointe en 21e position, grâce à sa route très sud, plus directe il est 2e des bateaux à dérives, mais ce classement n’a pas beaucoup de sens, tant que les trajectoires de chacun sont radicalement différentes.
Le week-end dernier, Louis a doublé par leur nord les îles Marion et Prince Edward. Il croisera bientôt la latitude de l’archipel Crozet avec son île aux Cochons, l’îlot des Apôtres, le dôme des Otaries, le canal des Orques, le mont Marion-Dufresne… A vos cartes géographiques et livres d’histoire !