Il n’y a pas que la couleur de l’eau et du ciel, la puissance de la houle, l’ampleur des dépressions qui ont changé sur cette 4e semaine de Vendée Globe, le regard des marins aussi. Il y a une concentration et un sérieux qu’ils n’affichaient pas en Atlantique. La force de la nature à l’état brut impose de l’humilité. Et renvoie à notre fragilité. Les solitaires du Vendée Globe le savent bien, c’est même l’une des émotions profondes qu’ils vont chercher dans leurs défis extrêmes. Et qu’ils nous partagent.

Alors, depuis quelques jours déjà, la compétition pure et dure est un peu mise entre parenthèses. La priorité, pour le skipper Fives Group – Lantana Environnement comme pour ses camarades de tour du monde, est de trouver la trajectoire la plus sûre, le meilleur compromis pour préserver le matériel tout en traversant le plus vite possible quand même, bien sûr, cet Océan Indien.
Océan dans lequel Louis est officiellement entré cette nuit, vers minuit, heure à laquelle il a doublé la latitude du Cap de Bonne Espérance !

Photo du bord 6 décembre, au large, très au large, du Cap de Bonne Espérance…

Coups de frein

Depuis 2 jours Louis évolue dans mer dure, croisée et des conditions de vent instable que son pilote automatique de secours a du mal à gérer (on se souvient qu’il a perdu son pilote automatique la 1re semaine de course : les capteurs en tête de mât mis hors service dans un orage).
Concrètement, ce manque de finesse de barre se traduit par des accélérations puissantes du bateau qui vient s’arrêter brutalement dans la vague ensuite. Ces coups de freins nuisent à la performance globale.

Route directe

Le skipper Normand a donc cherché la meilleure des stratégies pour lisser ce souci qui lui a fait perdre quelques places. Il a opté depuis hier pour une route Sud, plus ventée mais plus directe. Le gros du groupe de tête des Imoca a dérives ayant choisi de contourner la dépression par le nord, pour glisser derrière elle ensuite.

Cartographie Vendée Globe 6 déc. 7h00

A 7h ce matin, l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement est 23e, 4e des bateaux à dérives, mais les écarts latéraux sont tels que cela ne signifie pas grand-chose et, comme le rappelle Louis ce matin : « pour l’instant le classement, la vitesse n’ont aucune importance, juste préserver le bateau. »

Quelques mots du bord : « Ça navigue route vers le SE proche de Guirec Soudée, que je viens de joindre par VHF. Je suis sous 3 ris dans la GV, tourmentin devant. Au début, c’était pour être sage, en fait c’est la toile du temps… 45 nds de vent moyen rafales à 50, une mer bien formée et déformée, typique de la région. Je me suis forcé cette nuit à empanner dans le dur (toute une aventure…) pour essayer d’éviter le plus gros de la mer et moins subir le courant des aiguilles.
Pour l’instant le classement, la vitesse n’ont aucune importance, juste préserver le bateau. »